Des scientifiques russes ont lancé ce mercredi une expérience en enfermant six femmes pendant huit jours pour simuler les conditions d'un voyage spatial vers la Lune. Elles seront ensuite soumises à une batterie d'examens psychologiques. La Russie planifie son premier vol habité vers la Lune en 2029.
Les scientifiques russes assurent que ce n'est pas sexiste, promis. Six femmes russes – une médecin, une psychologue et des chercheuses – se sont enfermées ensemble ce mercredi 28 octobre pour une durée de huit jours. But de l'expérience : observer leurs relations dans un espace clos, le temps que prendrait un voyage aller-retour vers la Lune. « J’aimerais vous souhaiter de ne pas avoir de conflits, mais comme on dit, dans une cuisine, deux femmes au foyer ont du mal à cohabiter », a lancé Igor Ouchakov, le directeur de l’Institut des problèmes médicaux-biologiques (IBPM), reprenant une expression courante en Russie.
Lors de la présentation de cette expérience, les journalistes ont focalisé leurs questions sur la façon dont les six volontaires tiendraient pendant une semaine sans hommes ou sans maquillage. « Nous travaillons et quand nous travaillons, nous ne pensons pas aux hommes ou aux femmes », a rétorqué Anna Koussmaoul.
C'est la première fois que ce type de projet est mené avec uniquement des femmes. En 2010, l'IBPM, réputé pour ses recherches sur les effets physiques et psychologiques des voyages spatiaux, avait enfermé six hommes pendant 520 jours pour simuler un voyage vers Mars. Les responsables de l'expérience justifient leur démarche en expliquant vouloir féminiser le corps des cosmonautes russes. Car si l'URSS a envoyé en 1963 la première femme dans l'espace, il n'y en a eu que trois autres depuis.
Mais la justification d'un voyage lunaire surprend. Roskosmos, l'agence spatiale russe, doit présenter dans les semaines qui viennent son plan décennal pour la période 2016-2025. A l'origine, ce plan comprenait bien un volet lunaire. Mais depuis ses premières ébauches, l'économie russe a été frappée de plein fouet par la chute du rouble. Le secteur spatial russe devrait donc revoir grandement ses ambitions à la baisse et abandonner toute idée d'une mission habitée à destination de notre satellite.