C'est une révélation surprise : de l'oxygène en abondance dans l'atmosphère de la comète Tchouri. Après son départ de la Terre il y a onze ans, la sonde européenne Rosetta livre enfin sa découverte majeure. Entre septembre 2014 et mars 2015, elle a enregistré des taux d'oxygène de près de 4 %, une première sur une comète selon les scientifiques de l'université de Berne, les auteurs de l'étude.
De l’oxygène plus vieux que la Terre
La mission va prendre une autre tournure car l'oxygène pourrait avoir plus de 4,6 milliards d'années et donc être plus ancien que notre système solaire. Mais les scientifiques restent prudents et affirment que la présence d'oxygène sur la comète n'a pas d'implication directe sur l'apparition de la vie sur Terre. L’aventure Rosetta prendra fin en septembre 2016 et risque de révéler encore de nombreux secrets sur notre galaxie.
Si les scientifiques n'ont pas pu faire cette découverte avant, c'est tout simplement parce qu'il est impossible de "détecter de l'oxygène" sur une comète depuis la Terre. C'est d'ailleurs pour cette raison que Rosetta a été envoyée en orbite autour de Tchouri équipée d'un spectromètre de masse baptisé Rosina. "Pour faire simple, c'est un 'sniffeur', il renifle une quantité de gaz, puis casse les molécules en plusieurs petits morceaux et mesure leur masse. Après, il faut reconstituer la molécule initiale", détaille Pierre Drossart. Un travail facile et même "immédiat" pour les molécules simples, comme l'oxygène, mais qui peut se révéler plus compliqué et surtout plus long pour les molécules plus complexes.
Pourquoi cette découverte est palpitante pour les scientifiques? Tout simplement parce qu'elle pourrait les amener à revoir les modèles sur la formation du système solaire. "Il ne faut pas non plus trop s'emballer. Oui, il va falloir expliquer ce phénomène qui n'est pas prévu par les modèles actuels, mais on ne va pas non plus repartir à zéro", tempère le chercheur du CNRS. "Ce qui risque d'être compliqué, c'est que la formation des glaces dans l'espace ne dépend pas seulement de processus chimiques, mais aussi d'une histoire, de l'histoire thermique, qu'il va falloir déterminer. Actuellement, il y a beaucoup d'inconnues", reconnaît-il.