Afghanistan : plusieurs morts après l'explosion d'une bombe au passage d'un bus

 |  Posted by Christelle Lebrasse  |  0

Au moins 11 personnes ont été tuées en Afghanistan dans l'explosion d'une bombe qui a frappé un autobus, quelques heures avant que les Taliban ne décrètent un cessez-le-feu de trois jours pour l'Aïd el-Fitr, a annoncé lundi 10 mai le ministère de l'Intérieur.

Cet attentat s'est produit dans la nuit de dimanche à lundi dans la province de Zaboul, au sud-est du pays, a précisé à la presse Tareq Arian, le porte-parole du ministère. Le porte-parole du gouverneur de la province de Zaboul, Gul Islam Sial, a affirmé qu'au moins 25 personnes ont été blessées, dont des femmes et des enfants, certains se trouvant dans un état critique.

Les insurgés avaient annoncé dimanche qu'ils déclareraient un cessez-le-feu de trois jours à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan, mois sacré pour les musulmans.

"Il est ordonné aux moudjahidines des émirats islamiques (les Taliban, NDLR) de cesser toutes les attaques contre l'ennemi dans tout le pays du premier au troisième jour de l'Aïd", fête dont la date est fixée par la position de la lune, selon un communiqué des insurgés. "Mais si l'ennemi conduit un assaut ou une attaque contre vous ces jours-là, tenez vous prêts à vous protéger et vous défendre vigoureusement ainsi que votre territoire", poursuit ce communiqué.

 

Deux jours plus tôt, une école pour filles victime d'une attaque 

L'annonce de ce cessez-le-feu pour l'Aïd el-Fitr intervient après l'attentat le plus meurtrier depuis un an en Afghanistan, qui a visé samedi une école pour filles. 

Généralement, le gouvernement répond en décrétant lui aussi un cessez-le-feu. Fraidon Khawzon, porte-parole du négociateur en chef Abdullah Abdullah, a dit lundi : "Nous saluons cette annonce (...) la République islamique est aussi prête et va faire une annonce bientôt".

Une série d'explosions s'est produite devant cet établissement scolaire d'un quartier surtout peuplé de chiites hazaras, souvent visés par les militants sunnites extrémistes, dans l'ouest de la capitale afghane, au moment où nombre de ses habitants faisaient leurs courses : plus de 50 personnes, en majorité des lycéennes, ont été tuées et une centaine ont été blessées. 

Les Taliban ont nié toute implication dans cet attentat, intervenu sur fond de retrait des 2 500 derniers soldats américains encore présents dans ce pays déchiré par 20 ans de conflit et toujours en proie à la violence.

Tout en décrétant une journée de deuil national pour mardi, le président afghan Ashraf Ghani a mis en cause les Taliban dans un communiqué : "Ce groupe de sauvages n'a pas la capacité d'affronter les forces de sécurité sur le champ de bataille, alors il s'attaque à la place de façon barbare à des bâtiments publics et aux écoles de filles".

Les insurgés, qui livrent tous les jours des combats contre les forces gouvernementales dans l'arrière-pays, ont quant à eux nié toute implication, affirmant ne pas avoir commis d'attentats à Kaboul depuis février 2020.

Départ des derniers soldats américains le 11 septembre, colère des Taliban

C'est à cette date qu'ils avaient signé au Qatar un accord avec les États-Unis de Donald Trump ouvrant la voie aux pourparlers de paix et au départ, jusqu'au 1er mai, des derniers soldats américains.

Mais Washington a ensuite repoussé cette échéance au 11 septembre, date du 20anniversaire des attentats de 2001, ce qui a suscité la colère des Taliban. Dans un message diffusé dimanche, Haibatullah Akhundzada, leur chef, a affirmé que tout retard dans ce retrait constituait une "violation" de l'accord conclu. 

Le diplomate américain de plus haut rang dans la capitale afghane, Ross Wilson, a qualifié l'attaque de samedi d'"odieuse" et d'"impardonnable". "Un acte inhumain", a lâché le pape François, tandis que l'Inde a prôné le "démantèlement des sanctuaires terroristes" et un "cessez-le-feu".

L'Iran voisin a de son côté mis en cause le groupe État islamique et son "inhumanité".

Dans ce même quartier de Kaboul, en mai 2020, 25 personnes avaient été tuées, dont 16 mères et des nouveaux-nés, quand des hommes armés avaient attaqué une maternité soutenue par Médecins Sans Frontières. Le 24 octobre, un kamikaze s'y était fait exploser dans un centre de cours particuliers. Bilan : 18 morts, dont des étudiants.

Avec AFP et Reuters