Le bilan continue de s'alourdir, deux jours après la catastrophe ferroviaire qui s'est déroulée entre Yaoundé et Douala. Le déraillement du train Intercity vendredi 21 octobre à la mi-journée a fait au moins 75 morts et plus de 600 blessés, selon des chiffres encore provisoires. Sur place, les secours poursuivaient samedi soir la désincarcération des victimes. A Yaoundé et Douala, des cellules de crise ont été mises en place pour des familles de victimes en plein désarroi.
A Eseka comme à Yaoundé, certaines familles de victimes se sentent abandonnées. Pour elles, le transporteur ferroviaire Camrail n’a pas été à la hauteur du drame. Pas d’oreille attentive, pas de cellule d’encadrement, pas de manifeste de passagers ou liste de victimes consultable pour faciliter les recherches des familles dans le désarroi.
Une série de reproches qui ont du mal à passer du côté de la compagnie, qui rappelle que deux cellules de crise ont presque immédiatement été mises sur pied - une à Douala, la seconde à Yaoundé -, en plus d’une ligne verte qui a traité, depuis les premières heures du drame, des centaines d’appels de personnes en quête d’informations.
Les cellules de Yaoundé et Douala travaillent, indique à RFI une source de la compagnie, à accompagner psychologiquement des parents de victimes et à la supervision des opérations de prises en charge dans les hôpitaux.
Mais malgré tout, dans l’opinion, des interrogations et parfois de la colère subsistent. Aussi bien le transporteur que les pouvoirs publics sont montrés du doigt comme ayant été défaillants.
Samedi en fin d'après-midi, au lendemain de l'accident, le président Paul Biya a annoncé par décret une journée de deuil national qui aura lieu ce lundi 24 octobre.
Dans le même temps, depuis deux jours, des éléments du génie civil sont en première ligne dans les opérations de recherches des victimes et de dégagement de la voie ferrée. Ils concentrent leurs efforts dans l'immense ravin dans lequel ont échoué quatre voitures et dans lesquelles ont été retrouvées des victimes en grand nombre. Cependant, leur tâche est loin d'être des plus simples. Au fil des heures et des jours, l'opération s'est avérée plus complexe nécessitant des moyens toujours plus importants.
Toute la journée de samedi, les soldats ont essayé diverses techniques pour remonter les quatre wagons coincés au fond du ravin, sans vraiment y parvenir. Si les militaires semblent prendre leur temps, c’est que, de l’avis du colonel Jackson Kamgain qui commande l’opération, la priorité réside dans leur capacité à sortir les corps des victimes en bon état.
« Les wagons ne sont pas simplement posés. Ils se sont entremêlés et certains sont rentrés un peu dans le sol, explique-t-il. Donc ça devient plus difficile de les dissocier. On va pas à pas. Et on essaie de les dissocier, de sortir les corps. Maintenant on est en train de passer à une autre phase qui est la coupure au chalumeau. On voudrait sortir les corps les plus entiers possible parce que c’est aussi un objectif que nous avons à atteindre, pour que les restes soient vraiment identifiables et qu’on les traite de manière humaine. »
Des équipements lourds comme des grues ont été réquisitionnés mais leur utilisation n’est pas vraiment efficace. « Il y a quatre grues qui sont arrivées ce [samedi] matin, d’abord pour dégager l’entrée de la gare qui était encombrée par des wagons et pour dégager les wagons du ravin », précise Aboubacar Yongwa, le préfet d'Eseka.
Certains engins n’ont pas servi. « En cas de force majeure, il vaut mieux avoir un matériel en plus que d’avoir un matériel en moins, ajoute le colonel Jackson Kamgain. Certains [équipements] ne servent pas à grand-chose, mais ils sont là, prêts à intervenir au cas où. On fait venir le maximum de matériels pour qu'on n’ait pas de problèmes. »
L’idée d’abandonner là ces wagons n’est d’ailleurs pas exclue, mais tous les corps, rassure le colonel, auront été préalablement sortis des décombres.