L'Iowa, première étape des primaires dans la course à la Maison Blanche, a livré son verdict: Donald Trump roi des sondages, a trébuché face à Ted Cruz, tandis que Hillary Clinton était accrochée dans le camp démocrate.
Le très bon score de Marco Rubio, solide troisième chez les républicains selon des résultats partiels, devait faire pousser un "ouf" se soulagement aux ténors du "Grand Old Party".
Ces derniers sont en effet en quête d'un candidat plus consensuel pour l'élection du 8 novembre qui désignera le successeur de Barack Obama.
"Pendant des mois, on nous a dit que je n'avais aucune chance car je portais un message optimiste (...) ou que mes cheveux n'étaient pas gris", a immédiatement réagi, tout sourire, le sénateur de Floride au visage de jeune premier.
Appelés à choisir entre 12 républicains d'un côté et trois démocrates de l'autre, les électeurs des deux partis se sont rendus en nombre dans les bureaux de vote (écoles, bibliothèques, gymnases...) de ce petit Etat agricole du Midwest.
Lors de ces "caucus" (réunions) au format singulier, les républicains votent à bulletin secret, les démocrates forment des groupes par candidat afin de répartir des délégués. "La procédure est assez confuse", constatait Aaron Menick, étudiant. "C'est très chaotique mais je suis content que tant de gens se soient déplacés...", souriait-il.
Les primaires du New Hampshire suivront la semaine prochaine, puis les autres Etats jusqu'en juin. Les candidats des deux partis seront désignés en juillet.
Hillary Clinton, battue ici il y a huit ans par Barack Obama, était, à 22H00 au coude-à-coude avec le surprenant Bernie Sanders qui réalise quoiqu'il arrive une très bonne opération.
Le sénateur du Vermont de 74 ans, clairement ancré à gauche, éreinte dans relâche l'ex-secrétaire d'Etat sur ses liens avec Wall Street et promet à l'Amérique une véritable "révolution politique".
L'affaire de la messagerie personnelle d'Hillary, par laquelle ont transité des informations classées secrètes a posteriori, continue d'empoisonner la campagne de l'ancienne First Lady, dont le mari Bill a fait campagne à ses côtés.
Même s'il terminait deuxième, le bouillant Bernie Sanders pourrait revendiquer une victoire relative: à son entrée en campagne en avril, il recueillait moins de 10% des intentions de vote ici.
Pour le magnat de l'immobilier Donald Trump, la soirée est sombre. Le milliardaire de 69 ans, qui vilipende le "politiquement correct" et s'appuie sur un discours résolument populiste et provocateur, l'équation se complique.
Celui qui étrille quotidiennement sur Twitter les "loosers" de tous poils, et dont l'essentiel du discours jusqu'ici reposait sur son avance dans les sondages, sait qu'il va devoir s'adapter.
"Demain nous serons dans le New Hampshire (...) et nous nos battrons pour obtenir la nomination républicaine", a-t-il lancé dans un discours au ton inhabituellement posé et conciliant.
Si son discours nationaliste, anti-immigrés, anti-musulmans et "politiquement incorrect" lui a permis de faire un bond dans les sondages, le verdict des urnes a été moins favorable.
Car le magnat de l'immobilier, trois fois marié, divise la droite religieuse, qui a aidé à couronner les deux derniers vainqueurs des "caucus" de l'Iowa en 2008 et 2012.
Beaucoup d'électeurs évangéliques ont choisi le sénateur du Texas Ted Cruz, qui, selon les projections des télévisions américaines, a remporté environ 28% des voix dans cet Etat rural.
Premières victimes de cette soirée électorale inaugurale: le démocrate Martin O'Malley, ancien gouverneur du Maryland et le républicain Mike Huckabee, ex-pasteur baptiste et ex-gouverneur de l'Arkansas, ont jeté l'éponge.
Le neurochirurgien Ben Carson, arrivé en quatrième position, a lui annoncé qu'il ne suspendait pas sa campagne après les primaires de l'Iowa mais qu'il rentrait chez lui "chercher du linge propre".