La commission d’éthique de la Fédération internationale de football (FIFA) a décidé de frapper un grand coup. Dans une décision rendue le 8 octobre elle suspend de manière provisoire pendant 90 jours Michel Platini, président de l’UEFA et candidat à la tête de la FIFA, Joseph Blatter, président de la FIFA depuis 1998, ainsi que Jérôme Valcke, numéro 2 de la Fédération.
Cette décision vaut inégibilité pour Michel Platini, puisqu’il n’aura pas le temps de faire appel d’ici le 26 octobre, date de dépôt des candidatures pour la présidence de l’organisation. La décision sonne comme un coup de tonerre dans le sport. Un coup de balai inédit de toute la hiérarchie du football mondial.
Le Français de 60 ans est celui qui avait le plus à perdre. Il devait être celui qui allait changer la FIFA. Celui qui tournerait définitivement la page de l’ère Blatter et des ses scandales. Il n’en sera rien. Michel Platini ne sera finalement pas candidat. Avec sa suspension de 90 jours, impossible pour lui de déposer sa candidature le 26 octobre. Voulant se présenter comme le candidat d’après Blatter, l’ancien conseiller du Suisse s’est vu rattrapé par une histoire ancienne. Anticipant la décision de la commission d’éthique, M. Platini avait néanmoins fait savoir qu’il était toujours candidat à la présidence de la FIFA. «Ce jeudi matin, j’ai remis les lettres de soutien indispensables à ma candidature », a-t-il déclaré.
Le triple ballon d’or est impliqué dans la procédure pénale ouverte par le ministère public de la Confédération helvétique (MPC) à l’encontre de Joseph Blatter. La justice reproche notamment au Valaisan un « paiement déloyal », fait en février 2011, de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) au président français de l’Union des associations européennes de football (UEFA) « prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002 ».
A l’époque, M. Platini officiait comme « conseiller technique » de M. Blatter. Son bureau n’était pas basé à Zurich, où siège la FIFA, mais près du Palais-Royal, à Paris.« C’était un travail à plein temps », se défendait-il le 28 septembre, une lettre de justification aux 54 fédérations membres de l’UEFA. « J’ai reçu une partie du salaire convenu entre 1998 et 2002. M. Blatter m’avait informé au début de mon travail de conseiller qu’il ne serait pas possible de payer l’intégralité de mes émoluments immédiatement, notamment à cause de la situation financière de la FIFA à ce moment. Tout l’argent reçu à l’époque a été déclaré aux autorités compétentes. »
Le Sud-Coréen Chung Mong-joon, ancien vice-président de la FIFA (1994-2011) et qui était lui aussi candidat à la succession du Suisse Joseph Blatter, est radié de la FIFA pour une durée de six ans.