La situation reste toujours tendue dans les grandes villes du Gabon après l'annonce de la victoire contestée par l'opposition d'Ali Bongo, mercredi, à l'élection présidentielle. Plus d'un millier de personnes ont été interpellées.
La situation reste tendue dans la capitale du Gabon. Le ministre gabonais de l'Intérieur a fait état jeudi de 800 à 1 100 arrestations depuis l'annonce de la réélection d’Ali Bongo mercredi en fin de journée par la commission électorale. L'annonce de la nouvelle victoire du président sortant a déclenché mercredi une nuit d'émeutes meurtrières et de pillages à Libreville la capitale, et dans d'autres villes du pays, faisant au moins trois morts.
Le centre de la capitale était quadrillé jeudi par les forces de l'ordre, notamment aux abords de l'Assemblée nationale, incendiée mercredi, et du QG de Jean Ping, pris d'assaut dans la nuit.
Pris à partie par la communauté internationale et l'opposition, le président gabonais a affiché sa fermeté, rejetant la responsabilité des violences qui ont fait trois morts après l'annonce de sa réélection sur des "groupuscules formés à la destruction", le gouvernement annonçant un millier d'interpellations. "La démocratie s'accorde mal des succès autoproclamés, des groupuscules formés à la destruction. La démocratie s'accommode mal de la prise d'assaut d'un parlement et de la télévision nationale", a déclaré Ali Bongo Ondimba lors d'une brève allocution au palais présidentiel.
"Les élections ont rendu leur verdict (...) Qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon", a encore accusé le fils et successeur d'Omar Bongo, en visant Jean Ping, son principal rival à la présidentielle, qui était parvenu à rallier d'autres candidats importants de l'opposition..
Le régime d'Ali Bongo se trouvait jeudi sous la pression de la communauté internationale qui appelle à un arrêt des violences et à un nouveau comptage des votes du scrutin de samedi.
Comme l'opposition, l'Union européenne, la France et les États-Unis ont demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon (environ 2 500). La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a évoqué jeudi une crise profonde" et a appelé les différentes parties "au calme".