En Turquie, le dernier bilan de l'attentat de samedi soir à Gaziantep fait état de 51 morts de 69 blessés, dont 17 dans une situation critique. Un attentat qui visait de toute évidence la communauté kurde, et que les autorités turques ont très rapidement attribué au groupe Etat islamique. Une attaque sur le sol turc qui enfonce encore davantage la Turquie dans le conflit syrien.
Le groupe Etat islamique n'a jamais revendiqué les attentats qui lui ont été attribués en Turquie, mais leur responsabilité pour celui de Gaziantep ne fait plus guère de doute, tout comme la cible visée : un mariage kurde, dans un quartier à majorité kurde de Gaziantep.
Un attentat qui intervient quelques jours après la perte par Daech en Syrie, de la
ville stratégique de Manbij, prise justement par les forces kurdes. La Turquie pourrait bien subir sur son sol les conséquences de cette lutte.
Engagée dans une confrontation avec le PKK sur le sol turc, et avec les forces kurdes en Syrie, Ankara pourrait être encore davantage déstabilisée par cet attentat, notamment dans le sud-est à majorité kurde. Déjà dimanche, lors des premiers enterrements de victimes à Gaziantep, des familles ont manifesté leur colère contre le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan.
Une situation qui rappelle celle de Suruç en juillet 2015, lors du premier attentat attribué à Daech en Turquie : un attentat qui avait porté le coup de grâce au fragile processus de paix, entre Ankara et le PKK.
Le professeur à l'IEP de Grenoble et spécialiste de la Turquie Jean Marcou rappelle que, malheureusement, l’attentat de Gaziantep s’inscrit dans une série d’autres attaques sur le sol turc, où pointait déjà l’ombre du groupe Etat islamique.