Pakistan: remaniement majeur à la tête de l’armée

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Après la nomination fin novembre d’un nouveau chef de l’armée, une dizaine de hauts responsables viennent d’être promus au Pakistan. Dont un nouveau chef à la tête des très influents services de renseignement.

Avec l’arrivée du général Qamar Bajwa à la tête de l’armée pakistanaise, ce sont désormais une douzaine de postes de première importance qui viennent d’être réattribués. L’université de la Défense, l’inspection de la formation et de l’évaluation, la communication de l’armée ou encore le renseignement ont de nouveaux chefs. Le général Bajwa a installé une nouvelle équipe dirigeante. Succédant au général Sharif, le plus populaire chef d’état-major qu’ait connu l’armée, le général Bajwa entend ouvrir une nouvelle ère et clore de récents dossiers internes qui ont entaché l’armée.

Exemple : la propagande orchestrée par de hauts responsables, selon laquelle le nouveau patron de l’armée serait Ahmadi, un courant de l’islam déclaré non musulman par la Constitution pakistanaise. Ou encore la récente controverse au cœur de laquelle se trouvait le chef de l’ISI, puissant service de renseignement, au sujet d’un article de presse relatant une réunion au cours de laquelle le gouvernement avait sommé l’armée d’agir contre les groupes terroristes sous peine de faire face à un isolement sur la scène internationale.

D’abord, qu’il existe un seul et unique chef de l’armée au Pakistan; et qu'il se donne les moyens de diriger. Ensuite, d’un point de vue stratégique, le général Bajwa a commandé la force armée le long de la ligne de contrôle entre l’Inde et le Pakistan, après avoir servi sous commandement indien au sein de l’ONU. Il pourrait s’avérer moins dogmatique face à l’Inde. Un atout indéniable au vu des tensions qui perdurent à la frontière indienne, où des incidents entre les deux armées sont relatés quotidiennement.

De son côté, le général Mukhtar, qui prend la direction de l’ISI, service de renseignement parfois qualifié d’ « Etat dans l’Etat », devient l’une des personnalités les plus influentes du pays. Il dirigeait jusque-là un corps d’armée à Karachi, fer de lance d’une vaste opération contre le terrorisme, sans précédent dans la mégalopole du sud du pays. Reste à savoir s’il changera la ligne de l’ISI, accusée de soutenir en sous-main des groupes terroristes agissant en Inde et en Afghanistan.

Le général Bajwa vient de faire connaître ses premiers combats à mener de front avec l’ISI, contre les groupes terroristes et le voisin indien : couper tout lien entre les terroristes et leurs soutiens dans les grandes villes, contrôler davantage la frontière avec l’Afghanistan et répondre avec force à toute agression extérieure.

Pour faire simple, au Pakistan, le pouvoir de l'armée est sans limite. Cette dernière a concrètement dirigé le pays pendant près de la moitié de sa courte existence. Et quand elle n’est pas aux affaires, son influence reste indéniable. Mais l’opacité qui règne sur son fonctionnement interne laisse peu de possibilités au grand public de comprendre les rouages de cette superstructure et la gestion de ses très importants intérêts économiques.

L'armée est pourtant devenue, dans l’esprit des Pakistanais, garante d’un certain équilibre de la vie démocratique, et peut à tout moment intervenir soit de manière directe, soit en coulisse par des pressions sur le pouvoir ou en poussant certains groupes à faire entendre leurs voix. Enfin, d’un point de vue international, elle garde, avec ses services de renseignement, la main sur la politique étrangère du pays.

 

RFI